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FÒK SA CHANJE

mardi 18 mai 2010

Pour le redressement de l’Université d’Etat d’Haiti


L'enseignement supérieur en Ayiti connait une dégradation sans précédent à cause d'une faille constitutionnelle, en l’occurrence, l'article 211 de la constitution de 1987 qui donne à l'Université d'Etat d'Haiti (UEH) un droit de regard sur l'existence d'une entité sœur. Il en résulte un laxisme qui empêche à celle-là, juge et partie en même temps, d'accompagner le pays dans sa quête de bien-être collectif, et de création du savoir universel.

Comme pilote de l’enseignement supérieur, l’UEH n’a pas su répondre aux attentes de la constitution, ni s’ériger en un modèle académique à suivre. Confrontant de sérieuses difficultés de gestion académique qui débouchent toujours sur des manifestations violentes, elle semble être à son dernier souffle depuis la dernière crise insoluble à la Faculté de Médecine et de Pharmacie. En effet, l’Etat qui finance son fonctionnement, lui accorde une pitance annuelle. Dans des colloques internationaux discutant de la réforme universitaire en Ayiti, si elle n’est pas absente, elle n’est qu’une simple figurante.

Paralysée, elle n’est jamais en mesure de concevoir un modèle académique approprié à la réalité du pays. Si avant les dernières élections choisissant le nouveau conseil exécutif, l’ancien recteur Pierre-Marie Paquiot était considéré comme l’obstacle majeur à toute réforme universitaire, à qui imputer la descente vertigineuse de l’UEH dans l’incompréhensible un peu plus de deux ans après ? Il était simplement question de le destituer au lieu de renouveler l’équipe exécutive lors des dernières élections de décembre 2007.

Aujourd’hui sans changement aucun, et au bord du gouffre avec le coup de massue du 12 janvier 2010, elle est totalement désorientée. Ayant terni sa présence dans la société, elle n’a rien à dire ni proposer pour la reconstruction du pays, alors qu’elle devrait être une génératrice d’idées pour garder sa légitimité au sein de l’Etat. S’il est aujourd’hui question d’une excellente opportunité de rassembler les différentes facultés sur un même campus, comme bouée de sauvetage, aucune idée de comment aider l’UEH à respirer quelques bouffées d’oxygène et redresser l’étendard académique du pays n’a vu le jour.

Essoufflée au moment de la fête de l’université ce 18 mai 2010, l’actuel recteur Jean Henry Vernet a la sagesse d’inviter toute la communauté de l’UEH à une réflexion profonde pour l’avancement de l’université. Le prenant au mot, je propose de revisiter mon programme de refonte académique lors de ma candidature au poste de vice-recteur aux affaires académiques lors des dernières élections, agrémenté de deux entretiens accordés au Le Nouvelliste et Le Matin en la circonstance.

Comment changer une idée novatrice pour résoudre certains problèmes quand ceux-ci demeurent sans moindre changement ? Il est encore question de réformer l’UEH. Cela n’est possible qu’à partir d’une refonte académique et non d’un rassemblement de toutes les facultés sur un même campus. C’est l’académique et non le campus qui fait l’université. L’uniformisation académique doit précéder le rassemblement des facultés sur un même campus dont la construction peut coûter cher et prendre longtemps. L’inverse serait erroné. Passer d’abord et tout de suite par l’uniformisation académique est moins coûteux tout en apportant le redressement de l’UEH comme l’immédiate gratification.

Jean Poincy
Mai 2010

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