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FÒK SA CHANJE

lundi 22 mars 2010

La problématique de l’enseignement supérieur Ayitien : pour un modèle économique compétitif du système


L’enseignement supérieur Ayitien souffre beaucoup de l’absence de compétition académique ; ce qui rend sans importance la provision d’une formation académique de qualité, et vain tout exercice de se faire valoir l’une par rapport à l’autre sur le terrain de l’excellence. C’est dû à un écart institutionnel qui, en attribuant un droit de regard constitutionnel à une entité sur ses pairs, plonge le système dans l’abysse de la médiocrité. En guise de se mesurer dans un jeu académique compétitif, les différentes institutions s’y engagent comme des ennemis sur un champ de bataille. Ce contexte traduit la déresponsabilisation de l’Etat, en la personne du ministère de l’éducation nationale, par un vide institutionnel. Ainsi s’établit un rapport de force entre l’entité, qui doit dicter les règles du jeu, et les autres. Celles-ci impuissantes résistent tacitement au principe constitutionnel pour forcer leur présence dans le système d’enseignement supérieur du pays.

Ces conditions litigieuses alimentées par une absence de règlements capables de régir les affaires académiques et les activités de recherche donnent lieu à un fonctionnement non standard et statique du système. A défaut d’une vision uniforme modelée par un plan académique directeur, chaque institution développe sa propre perception des besoins académiques de la collectivité. Cet air anarchique fait abstraction de toutes conditions et exigences nécessaires au fonctionnement normal du système général. Un état de complaisance académique y règne et neutralise toute incitation de se défier l’une et l’autre de manière conviviale et sereine. La quête de l’excellence pour devancer l’autre étant absente, le pays se voit privé de la chance de s’habituer à la compétition académique, qui est bénéfique par nature. Cela débouche sur une formation au rabais des cadres et une absence de création de nouvelles connaissances, pendant que la société dépendante du système pour ses progrès socio-économiques en pâtit grandement.

Pour un modèle économique compétitif du système

Pour comprendre la justesse d’un climat académique compétitif, il est possible de s’approprier de l’outil d’analyse économique du marché. L’interprétation montrera que seul l’effet spontané de la quête d’une meilleure performance individuelle par les différentes institutions, tant en formation académique que la recherche, peut aider le monde universitaire Ayitien à s’élever au rang des universités du reste du monde. En référence à un principe fondamental de la théorie des jeux, il faut signaler une forte nécessité de coopération entre deux entités avec des intérêts différents pour un bénéfice mutuel. Ceci dit, l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) qui jouit des privilèges constitutionnelles et les universités privées devraient admettre leur interdépendance malgré leurs différents intérêts. Leur coexistence calculée devient essentielle à un fonctionnement optimal de l’enseignement supérieur. Tout empêchement de part et d’autre se résumerait en une stratégie irrationnelle tendant vers une perte collective. Une constante, sous-jacente à ce raisonnement, est l’incapacité d’absorption de chacune face à l’affluence des bacheliers.

Un calcul rationnel des deux côtés demanderait l’existence d’une multitude de ces mêmes entités au bénéfice de la société. Néanmoins, la provision constitutionnelle a érigé un obstacle à cet idéal. Elle ralentit le processus éducatif plutôt que de lui assurer une base solide. Il est impératif de l’outrepasser pour lubrifier les rouages du système et dynamiser l’enseignement supérieur. Un esprit compétitif y devrait régner dans un climat de coopération tacite entre les différentes institutions supérieures. Prodiguer aux citoyens une formation de qualité et meilleure que les autres serait le principe cardinal à observer par chacune des universités. Tel serait un terrain favorable à la culture compétitive quand une université travaille pour être la meilleure.

La nature du marché de l’enseignement supérieur

Sur un marché, un fournisseur se résigne à assumer le coût de la production d’un bien de qualité quand il est en face d’autres fournisseurs du même bien, donc ses concurrents, et d’une clientèle exigeante et consciente de son libre-arbitre. Le marché de l’enseignement supérieur n’en est pas exempt. L’outil économique d’analyse permettant de comprendre cette course effrénée vers une production de qualité repose sur quatre caractéristiques d’un marché en parfaite concurrence. Ce sont :

• L’atomicité du marché qui veut dire qu’il existe une multitude d’agents économiques (acheteurs et vendeurs) sur le marché en quête d’une maximisation de leurs intérêts individuels.
• L’homogénéité du marché où il existe un seul type de produit offert et demandé.
• La libre entrée sur le marché où tout agent intéressé a un droit égal d’y entrer sans être empêché. (Il faut se garder de penser qu’il n’y a aucun règlement de fonctionnement)
• La transparence où tout est fait au vu et au su de tous sans qu’aucune action de l’un puisse empêcher l’autre dans sa quête du succès.

Si le marché de l’enseignement supérieur Ayitien révèle la présence des deux premières caractéristiques, avec une multitude d’agents économiques et la formation supérieure comme produit homogène, les deux dernières font grandement défaut. L’entrée n’est pas vraiment libre, parce que les principes fondamentaux régulant le fonctionnement du marché sont mal conçus. Donc, au lieu de créer une entrée harmonieuse, ceux-ci, comme l’article 211 de la constitution, engendrent la borletisation de l’enseignement supérieur. L’absence de transparence fait que ceux qui souhaitent entrer sur le marché ne savent pas à quels saints se vouer. Quels devraient être les traits économiques du marché de l’enseignement supérieur pour au moins élever son standard ?

Les agents du marché

Le marché de l’enseignement supérieur comporte trois types d’agents :

1) Les vendeurs qui regroupent toutes institutions offrant un enseignement supérieur ;
2) Les acheteurs qui sont :

• les étudiants dénommés étudiants-acheteurs ou acheteurs-intermédiaires ;
• les secteurs d’affaires et public dénommés employeurs-acheteurs ou acheteurs-finals ;

3) Le régulateur minimal du marché qui est l’Etat.

Les produits offerts sur le marché

Sur le marché, il existe deux types de produits ou services :

1) Les formations académiques ou techniques destinées aux étudiants-acheteurs ;
2) Les étudiants diplômés destinés aux employeurs-acheteurs (public ou privé).

Il est à noter que la qualité du produit/service est déterminée par les institutions dont les décisions sont influencées par le choix des acheteurs/consommateurs.

Les caractéristiques du marché

Le marché est libre et ouvert à la concurrence. Il subit une intervention minimale d’une instance étatique juste pour réguler l’entrée de chaque nouvelle institution, veiller à ce que le produit/service offert soit conforme aux ordonnances étatiques et sécuriser le bien-être que chaque agent doit tirer de l’un ou de l’autre. Cette entité est unique pour ne pas dire absolue. Sa prise de décision dans le processus de régulation est finale et ne subit aucune influence d’une quelconque institution de l’enseignement supérieur qui est sous son obédience.

Les déterminants de l’échange

Pour les acheteurs-intermédiaires, le moyen d’échange est leur présence au sein de l’institution. Une hausse de leur présence valide la qualité de la formation et une baisse fait le contraire. Pour les acheteurs-finals, c’est l’embauche. Un fort taux d’embauche des diplômés d’une institution indique que celle-ci prépare bien ses étudiants. L’inverse se produit avec un taux tendant vers zéro. Donc, il en résulte un gain total pour une institution quand la présence et le taux d’embauche indiquent une hausse simultanée. Cependant, un gain sur la qualité de la formation sans une hausse du taux d’embauche est toujours possible ; mais tout dépend de la nature complexe ou de l’incapacité d’absorption du marché du travail.

Le comportement économique des agents

Le marché de l’enseignement supérieur étant animé par la concurrence, les deux catégories d’acheteurs déterminent la survie d’une institution selon que la formation prodiguée est de qualité et répond aux normes instituées par l’Etat, et que les étudiants diplômés sont compétents pour satisfaire le besoin en cadre des acheteurs-finals. Une simple comparaison de cursus académique de différentes institutions ou de performance constatée des étudiants sur le marché du travail peut provoquer une hausse ou une baisse tant au niveau de la présence que du taux d’embauche vis-à-vis d’une institution.

Notant que le comportement des acheteurs-intermédiaires est influencé par le taux d’embauche des diplômés, les institutions supérieures veilleraient à concevoir un cursus académique relativement standard et compétitif, et imposer des conditions d’excellence afin d’attirer un nombre important d’étudiants. Dans ce cas, ce serait un comportement proactif axé sur la qualité des formations. Un tel esprit compétitif éliminerait la crainte d’être supplantée par d’autres. En conséquence, la présence des étudiants serait équitablement partagée, et les formations seraient quasiment similaires partout avec les mêmes rigueurs académiques. La société en serait le bénéficiaire ultime.

Le bénéfice de la concurrence académique

Un tel état de concurrence sur le marché de l’enseignement supérieur en Ayiti, tracerait la ligne directrice pour établir un standard de formation académique que tous auraient à suivre, et qu’une institution tenterait de mieux réaliser qu’une autre. Dans de telles circonstances, certaines institutions s’imposeraient comme modèles pendant que d’autres seraient à la traîne. Le bénéfice majeur serait collectif : les étudiants seraient mieux formés et commenceraient à reprendre confiance en eux-mêmes, l’enseignement supérieur serait revigoré et enfin “déborlettisé”, et la société jouirait d’un stock de capital humain de qualité. Tel serait l’effet collectif spontané, sans calcul préalable, attribué aux forces de la main invisible.

Des mesures d’accompagnement comme solidification

Ayant un rôle minimal, l’Etat doit prendre des mesures peut-être impopulaires comme obligation morale, mais salutaires pour accompagner le marché de l’enseignement supérieur.

1- La création d’une instance nationale avec toute l’autorité nécessaire pour valider une entité destinée à l’enseignement supérieur ou de la radier en cas de déviation des normes académiques nationales établies par la dite instance (Cette entité existe déjà, mais pour mieux traiter l’idée du texte, il est préférable de la considérer comme non-existante).

2- Le cycle de la formation supérieure doit durer 5 ans pendant une génération :

a) 2 années consacrées à la réparation des dégâts causés par un mauvais enseignement des cycles primaire et secondaire ;
b) 3 années de cycle normal d’enseignement supérieur.

3- Les points de conformité doivent être :

a) un cursus académique reflétant la réalité nationale et mondiale ;
b) une culture d’excellence ;
c) un système de mérite pour l’embauche ;
d) une imposition aux acheteurs-finals d’un quota d’étudiants à recruter suivant leur compétence.

4- Le support à la concurrence et à la coopération entre les entités d’enseignement supérieur.

Dans cette perspective, l’appui minimal régulateur de l’Etat qui protège les droits, et son rôle de demandeur d’assistance technique pour sa gestion collective serviront de tremplin pour une relance compétitive de la production du savoir et d’une formation de qualité dans le milieu universitaire Ayitien.

Cette approche tiendrait compte du fait que les objectifs d’une institution d’enseignement supérieur et ceux des étudiants coïncident au niveau du processus d’apprentissage. Elle serait pragmatique et adaptée aux capacités des étudiants dans l’optique de former des citoyens porteurs de solutions aux problèmes de la société. Les dommages étant réparés, les parties seraient prêtes à affronter les courants de la compétitivité académique tant au niveau national qu’international. La capacité d’absorption de ces cadres serait plus grande avec des conditions alléchantes. Les ressources seraient finalement utilisées aux fins de comprendre les problèmes de la société et d’y apporter des réponses adéquates pour tirer le pays de la logique de pays pauvres assistés. Ce serait alors le tournant où la crainte des autres serait totalement dissipée pour s’engager dans des coopérations avec le reste du monde et maximiser ses avantages.


Jean Poincy
2007

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je suis tout à fait convaincu qu'il faut consacrer du temps pour remonter le niveau relativement faible des élèves venus du secondaire afin qu'ils puissent mieux aborder la formation universitaire.

Josue JN FRANCOIS< Etudiant à l'INAGHEI et à la FASCH