Les élections pour le renouvellement du Conseil exécutif de l'Université
d'Etat d'Haïti auront lieu le six janvier 2012. Un recteur, un vice-recteur à
la recherche et un vice-recteur aux Affaires académique sont les trois postes à
pourvoir lors de ces élections qui se dérouleront à Port-au-Prince avec sept
candidats en lice. Contrairement aux élections de 2007 où la réforme de
l'Université d'Etat d'Haïti a été la clé de voûte du scrutin, cette année, le
processus est lancé à l'occasion des fêtes de Noël et de fin d'année avec un
certain mutisme de la communauté universitaire après quatre années de gestion
du Conseil présidé par le recteur Jean-Vernet Henri.
En 2007, des voix se sont élevées pour dénoncer la gestion de l'ancien
recteur Pierre-Marie Paquiot, notamment son manque de vision pour effectuer la
réforme de l'Université d'Etat d'Haïti, tant attendue depuis le départ de
Jean-Claude Duvalier en 1986. Son bilan avait été passé au crible, et il avait
laissé le Conseil par la petite porte. Quatre ans après, aucun débat n'a eu
lieu, voire un document posant la problématique de la réforme. Les onze entités
de l'UEH sont restées dans les mêmes conditions de fonctionnement de l'après-7
février 1986. Le constat est latent : aucune modification dans la façon de
transmettre les connaissances au sein de l'UEH ; absence totale de mécanismes
de recherche sur les causes profondes de la crise haïtienne des vingt dernières
années, caractérisée par l'incapacité du pays à créer des richesses au rythme
de la croissance démographique. Environ 400 dollars américains de produit
intérieur brut par habitant depuis plus de quarante ans devrait être un sujet
de préoccupation et de recherches au sein de l'université. Bref, c'est
l'insouciance de ce haut lieu du savoir par rapport à la crise de gouvernance à
laquelle le pays fait face depuis plus de vingt ans.
Les élections qui seront organisées le six janvier 2012 pour le
renouvellement des membres du Conseil exécutif de l'UEH ressemblent étrangement
à la configuration de l'Etat à l'occasion des différentes élections
présidentielles organisées pendant ces vingt dernières années. Il y a d'une
part le Conseil de l'université, la seule instance habilitée à voter pour les
candidats en lice, qui se compose de trente-six membres représentant les onze
entités de l'UEH ainsi que les trois membres du rectorat. Ce conseil élit les
membres de la commission électorale ; d'autre part, il y a la communauté
universitaire, composé des professeurs et d'autres cadres de différentes
entités de l'UEH, qui, pour la plupart très qualifiés, ne veulent pas rentrer
dans le Conseil de l'Université préfèrent observer l'évolution dégradante du
système. Pour preuve, certaines entités sont prises en otage par des groupes
d'étudiants sous le regard passif du rectorat, en complicité avec certains
conseils de gestion très peu qualifiés. Au lieu de guider la nation dans la
direction de l'utile et de l'agréable, l'université reproduit en miniature la mauvaise
gouvernance qui caractérise un Etat en déconfiture.
Doit-on chercher ailleurs les racines de notre
sous-développement ?
Lemoine Bonneau
lbonneau2005@yahoo.com
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