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FÒK SA CHANJE

mardi 23 mars 2010

Pour une nouvelle collectivité Ayitienne


L’objectif de toute société est de garantir le bonheur et le bien-être de tous ses membres indifféremment de l’idéologie politique embrassée. Il n’y a aucun doute que la langue parlée, les croyances spirituelles et les façons de vivre rendent à une communauté son unicité pour la distinguer des autres. Ce qui est commun, par contre, est la condition qui exige l’acceptation de l’existence de chacun comme cohabitant pour harmoniser le vivre-ensemble. Dans cette perspective, la poursuite du bonheur oblige un rassemblement volontaire où chacun concède certains de ses droits pour une communauté juste et équitable.

La société Ayitienne formée depuis 1804, qui n’a jamais pu atteindre cet objectif,  n’est pas une exception à cette règle. Comme, la coexistence pacifique entre les groupes ethniques était d’une nécessité immédiate, la souveraineté du pays était à sauvegarder, l’harmonie était à maintenir dans la communauté, la sécurité et la liberté de chacun étaient à préserver, il fallait établir des principes capables de les garantir. Malheureusement, au lendemain de l’indépendance, ceux-ci ont été violés pour démasquer l’union des noirs et des mulâtres, ressusciter l’ancienne rivalité ethnique et plonger le pays dans une division interminable en conséquence.

Quand plusieurs individus ou groupes sont appelés à vivre ensemble et simultanément réclamer le même droit sur un terrain, les conflits d’intérêts sont inévitables et font l’objet d’interactions hostiles. Telle est une atmosphère fertile à l'échec d'un projet de société. Il est alors impératif de bien gérer les conflits qui en résultent naturellement pour préserver l'harmonie collective.  Si chaque partie lutte pour jouir de son droit naturel sur l’espace, elle tend à recourir à des actions capables de miner le droit de l'autre et vice-versa. Pour éviter les conséquences destructrices des réactions, les parties doivent trouver des compromis pour une coexistence pacifique sans craindre l’agression de chacun. 

Cet accord n’aurait pu voir le jour qu’à travers des concessions équitables des droits de chacun sur l’espace à partager. Vu qu’il détermine le degré de jouissance et de limite de chacun sur l’espace, et ayant pris le caractère d’une loi naturelle, il doit être respecté comme absolu pour rendre la communauté viable. Tout cas de transgression ne ferait qu’asphyxier le vivre-ensemble. Dès sa naissance, ceux qui ont donné naissance à la société Ayitienne ont violé les principes qu’ils ont jurés de respecter en assassinant le père fondateur de la patrie, Jean-Jacques Dessalines.

La constitution de 1805 était signée par tous les principaux généraux qui ont mené la lutte de l’indépendance. La structure gouvernementale et la distribution du pouvoir étant acceptées, il était du devoir de chacun d’appliquer les dispositions prises pour solidifier la base de la nouvelle communauté. En faisant rejaillir les différends ethniques préalablement réconciliés, tout effort de continuité était menacé pour donner lieu à une destruction structurelle lente. C'est un précédent dans les affaires du pays qui devient la continuité. Donc, la communauté haïtienne continue sa course déséquilibrée, qui au fil du temps, constitue un obstacle naturel à la réalisation de son bonheur et favorise la pauvreté, la plaie endémique du pays.

En effet, le bilan de son existence révèle deux cent ans de misère et d'absence de bien-être collectif. Aujourd’hui, désemparée par le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, la société se trouve davantage incapable de concrétiser ce bien-être collectif. Toutefois, c'est une nouvelle opportunité de refondre la société pourvu que les citoyens assument leurs obligations morales vis-à-vis de la collectivité, et reconnaissent le droit des uns et des autres, pendant que les responsables s’engagent à faire une meilleure gestion de l’espace et des ressources disponibles pour faciliter une allocation équitable et l’intégration sociale de tous.

Comprenant l'état chaotique de la République d'Ayiti dans une interminable transition politique passant d'un régime totalitaire à un régime démocratique, une résolution politique débouchant sur une résolution économique devient impérative pour réaliser le bien-être collectif. Donc, tout processus de reconstruction ou de réorganisation du pays doit viser le bien-être du peuple assimilé à la satisfaction de ses besoins vitaux ou à l'augmentation de son pouvoir-d'achat pouvant lui donner accès aux biens et services nécessaires à sa survie.

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