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vendredi 16 avril 2010

Pour l’uniformité de l’Université d’Etat d’Haiti : un seul concours d’admission


Toute idée de centraliser un processus de gestion laisse entendre : a) l’existence d’un système de gestion avec différentes unités dont les actions entreprises indépendamment l’une de l’autre produisent des résultats disparates, b) l’absence d’uniformité qui révèle un degré de dysfonctionnement du système et c) la nécessité d’y porter correction et d’harmoniser les différentes unités pour une meilleure gestion du processus. L’initiative de toute institution de s’embarquer dans une telle entreprise est louable et est à encourager. D’une part, elle reconnaît ses faiblesses, et d’autre part, son instinct de survie la porte à s’adapter à une condition dynamique contraignante. Cette démarche dépend d’un diagnostic intégral permettant d’identifier le mal, ses symptômes et sa provenance. Dans le cas contraire, l’institution tend à utiliser des palliatifs qui risquent de la précipiter dans l’abîme. Ce texte prend en exemple l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) qui, comme système de gestion académique avec ses 11 facultés, s’engage dans la centralisation du processus d’inscriptions aux concours d’admission pendant qu’elle laisse la charge de ces derniers aux facultés qui sont ses composantes pour caractériser son fonctionnement hétéroclite.

En raison du contexte historique de la naissance de chaque faculté, et de celle de l’UEH rassemblant toutes les facultés sous son autorité par un décret-loi, chaque faculté conçoit son propre curriculum et assure sa propre gestion académique indépendamment de l’unité centrale de gestion de l’UEH qui est le Rectorat. L’autorité virtuelle réservée à celui-ci constitue l’obstacle majeur à l’uniformité académique espérée de l’UEH. N’étant jamais signifiée, l’autorité du Rectorat est toujours mise en défie par les facultés qui refusent d’observer toutes directives non favorables à leurs causes. Tel est le défi d’uniformiser l’UEH que l’unité de gestion académique responsable tente de relever par le biais de la centralisation du processus d’inscriptions. Aussi louable que l’initiative de centralisation puisse être, elle restera sans effets, si elle ne s’étend pas aux concours d’admission. Comme entamée, il en découle une démarche contradictoire justifiée par la nécessité d’avoir un registraire.

I : La contradiction de la centralisation des inscriptions à l’UEH

L’unité de gestion académique de l’UEH décide de centraliser les inscriptions pour les concours d’admission dans les différentes facultés. Si la centralisation du processus d’inscriptions suppose l’admission à une même université, il est absurde d’organiser plusieurs concours dont un par faculté. Composée de plusieurs facultés, l’université est une. En conséquence, toute admission devrait être une admission faite à l’université. Le choix d’une faculté doit se faire en fonction du désir ou de l’aptitude du postulant admis un temps après avoir intégré l’université. Le faire lors même des inscriptions ne répond pas aux pratiques modernes de gestion académique d’une université. Il est alors difficile de concilier la centralisation du processus d’inscriptions à la décentralisation des concours au sein d’une même université. En toute logique, ce ne devrait pas être une multiplicité de concours relatifs aux différents domaines étudiés par les facultés, mais un seul concours d’admission à l’UEH.

Si l’UEH n’est pas en mesure d’organiser un concours pour tous, qu’elle attende la réforme devant concrètement l’unifier. Le besoin de montrer une certaine velléité d’actions concrètes pousse l’unité centrale de gestion académique à mettre la charrue avant les bœufs. Ce qui neutralise la centralisation du processus. Etant foncièrement contradictoire, cette démarche n’a et n’aura aucune portée sur la gestion académique uniforme de l’UEH, ni sur le flux des étudiants qui entrent et sortent dans un délai imparti. Cette gestion de l’admission à l’UEH défie toute logique d’uniformité de l’académique et plonge l’UEH dans l’aberration totale de nombreux concours pour une même université que d’ailleurs son unité de gestion académique s’abstient de gérer. En effet, pour l’année académique 2007-2008 marquant le début de la centralisation du processus d’inscriptions, les facultés ont organisé leurs concours. L’année académique 2008-2009 entérine la contradiction en prenant encore charge de leurs concours d’admission. Que soit bénie l’arrivée de la réforme qui se fait encore attendre pour unifier l’UEH et être conforme aux exigences modernes de formation universitaire !

La logique du registraire comme justificatif

En absence d’une communication franche avec la communauté, la spéculation peut germiner pour tenter de jauger la démarche de centralisation du processus d’inscriptions aux concours d’admission à l’UEH. Serait-ce une stratégie gradualiste vers la réforme de l’UEH pour éviter d’offenser certains à l’UEH ? Serait-ce l’idée de se targuer des statistiques démontrant que l’UEH demeure l’université la plus courtisée par les bacheliers ? Serait-ce un moyen d’attirer l’attention de l’Etat sur les statistiques pour lui montrer la nécessité de financer davantage l’UEH afin d’élargir sa capacité d’accueil ? Serait-ce simplement une question de registraire de l’UEH de plus d’une dizaine de milliers de postulants qui s’y inscrivent pour le concours ou un registraire de très peu admis dans les différentes facultés ? Seule la dernière permet de s’aventurer avec une réponse spéculative, parce qu’elle est plus sensée en terme de gestion académique. Toutefois, garder un registraire pour une dizaine de milliers de postulants dont seulement 2000 vont être admis est dépourvu de sens.

Comme les facultés organisent leurs concours, elles sont les seules détentrices d’un registraire pouvant communiquer ou pas à l’unité centrale de gestion académique qui s’est totalement déresponsabilisée au niveau des concours. Certaines facultés peuvent être très capricieuses par moment et ne répondent pas aux commandes de l’unité centrale de gestion académique. N’ayant pas un modus operandi de gestion du flux des étudiants à l’UEH, l’unité centrale de gestion académique ignore bel et bien ceux qui intègrent l’UEH. Quand même, au clic d’un bouton, elle peut générer une liste de ceux qui sont inscrits pour les concours d’admission, mais non une liste des 2000 admis. Obtenir une telle liste requiert un tour des 11 facultés.

En supposant que des 15 000 bacheliers qui se sont inscrits pour les concours d’admission, 2000 y sont admis, quelle est l’importance d’avoir les noms des 13 000 échoués à occuper les octets des ordinateurs ou les dossiers d’inscription à occuper les étagères déjà trop exiguës ? Si l’idée est de forcer la main à l’Etat c’est pour déresponsabiliser l’UEH de son échec de mettre au service du pays un nombre satisfaisant de cadres qualifiés. Tout pour dire que la démarche de centraliser les inscriptions pour les concours d’admission aux facultés à l’UEH ne peut pas donner l’effet escompté. S’il s’agit de maintenir un registraire, il faut bien continuer le processus de centralisation jusqu’au concours pour uniformiser l’admission à l’UEH. Redonner la commande aux facultés pour organiser le concours enlève la justesse de l’idée de centralisation nécessaire au fonctionnement harmonieux de l’UEH comme un tout uniforme.


Jean POINCY

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