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FÒK SA CHANJE

samedi 20 mars 2010

Pour la relance économique d’Ayiti


Si, aujourd’hui, le séisme dévastateur du 12 janvier 2010 fait taire de nombreuses discussions relatives à l’amélioration des conditions de vie de la population en imposant aux autorités une logique de reconstruction, il faut se garder, malgré l’urgence du moment, d’aliéner certaines initiatives visant une meilleure Ayiti. Il importe d’y revenir pour les discuter, et les intégrer si possible dans le contexte actuel sans perdre de vue les objectifs fixés avant le séisme. En effet, au cours du mois de décembre 2009, il était question de relancer l’économie Ayitienne en misant sur la sous-traitance, et il n’en était rien depuis. C’était l’intervention de la Banque Interaméricaine de Développement (BID) pour prêter main forte à l’Association des Industries d’Haïti (ADIH) financièrement aux fins d’élargir le parc industriel, d’aider les firmes d’assemblage à faire face aux exigences de HOPE II, et techniquement de permettre à ces dernières de mieux accéder le marché américain (voir Le Matin No. 34196, lundi 21 décembre 2009 : ‘une bouffée d’oxygène au secteur textile haïtien’).

Quand les responsables font toujours du secteur d’assemblage leur menu de prédilection pour relancer l’économie, la probabilité d’en faire le levier de cette relance économique post-désastre est très forte. Telle est une source d’inquiétudes surtout que l’apport de la BID consiste à renforcer la sous-traitance dans le secteur d’assemblage. Comme la position de M Georges SASSINE (vice-président de ADIH), qui fait appel à la renaissance de l’industrie textile dans son ensemble, porte à espérer, le partenariat entre ces deux entités mérite d’être discuté pour tirer son essence du processus de reconstruction du pays. Ce qui suit invite les concernés à sortir du tiroir des oubliettes, la coopération BID/ADIH qualifiée de bouffé d’oxygène au secteur textile du pays. La discussion s’engage à :

I : faire un croquis de la déception autour de la loi HOPE ;
II : cerner le problème économique du pays ;
III : évoquer l’obstacle réel à la loi HOPE ;
IV : indiquer le flou de la coopération BID/ADIH ;
V : justifier la nouvelle position de M Georges SASSINE ;
VI : décrire l’instinct d’un investisseur ;
VII : amplifier l’appel du secteur privé ;
VIII : apporter un support absolu aux déclarations de SASSINE.

I : Déception autour de la loi HOPE

HOPE, la loi commerciale revue et corrigée qui ouvre le marché américain sans frais de douane aux produits assemblés en Ayiti est toujours dans l’impasse en n’arrivant pas à créer le nombre d’emplois souhaité depuis son adoption. Le pays, qui attend de nouveaux gains pour les sous-traitants, de nouveaux emplois pour la création de nouveaux revenus et l’amélioration des conditions de vie de la population, et un élargissement du revenu public en conséquence, est déçu. Les responsables, le gouvernement, les sous-traitants et les promoteurs d’investissement en Ayiti n’ont pas récolté le fruit de leurs efforts déployés pour donner vie à HOPE. N’étant pas un panier de promesses d’assistance ou d’investissements étrangers, aucun reproche ne peut être adressé aux étrangers. Comme HOPE a une durée de vie, il est juste de profiter de ses années d’existence, mais soucieuse d’une relance de l’économie du pays et croyant que les difficultés rencontrées sont d’ordre financier et technique, la communauté internationale souhaite davantage accompagner les parties prenantes pour sauver HOPE dans l’objectif d’aider à la relance de l’économie du pays via la création de beaucoup d’emplois. Cela aiderait bien sûr à résoudre un problème économique majeur qui est d’ordre fiscal.

II : Le problème économique du pays

Pour appréhender le problème économique du pays, il importe de cerner la relation qui existe entre le pouvoir d’achat de la majorité de la population et le revenu public détenu par l’Etat pour la gestion du vivre-ensemble. En faire abstraction peut mettre en péril la survie de la société. L’Etat, qui a pour fonction d’accompagner les membres de la collectivité dans le vivre-ensemble doit s’assurer d’une source régulière de revenu lui permettant de répondre à sa mission. Comme l’impôt sur le revenu de la population en est une source garante, il est impératif d’avoir un système pouvant faciliter sa collecte, d’autant plus que c’est un devoir de citoyen de coopérer avec ce dernier dans cette démarche.

La relation dépendante qui existe dénote clairement que le revenu public est fonction du revenu de la population. Par extension, celui-ci, assimilé à un pouvoir d’achat, donne une capacité d’accès aux biens et services disponibles dans le pays. Cela sous-entend une transaction marchande habilitant l’Etat à élargir son assiette fiscale, s’il arrive à capter ces transactions par le biais d’une taxe sur la vente. De toute évidence, un taux d’emplois entraîne parallèlement un certain niveau de revenu public : si celui-là est élevé, la conséquence immédiate est un revenu public élevé. Le contraire est aussi vrai.

C’est ce qui explique la détermination de l’Etat de vouloir créer beaucoup d’emplois, et sa velléité vis-à-vis de la loi HOPE dès sa conception. Percevant le secteur d’assemblage comme porteur d’emplois, il est correcte d’introduire les investisseurs privés locaux ou/et étrangers dans le couloir de la SONAPI qui doit héberger HOPE. Idéalement, HOPE devrait pouvoir cimenter cette relation dépendante entre le pouvoir d’achat et le revenu public. Considérant le temps d’existence de HOPE, les doutes persistent sur sa capacité de le faire. Est-ce peut-être pour les dissiper que la BID souhaitait donner un coup de pouce à ce secteur ?

III : La faille structurelle comme obstacle à la concrétisation de HOPE

Dans tous les cas, cette coopération indique que HOPE est en souffrance. Ses partisans se faisaient beaucoup d’illusions en claironnant l’opportunité de création de milliers d’emplois dans quelques années. Si vraiment la nature de HOPE, qui élimine les frais de douane aux Etats-Unis sur les produits d’assemblage provenant d’Ayiti, le permettait, le fait que l’industrie textile en Ayiti est réduite à son dernier maillon (le secteur d’assemblage), le pays ne pourrait jamais en profiter sans obtenir l’effet d’entrainement nécessaire à la création de ce nombre d’emplois. Les raisons tournent autour du manque d’unités de valeurs ajoutées dans le système de production, et autour du produit final destiné aux consommateurs internationaux.

N’utilisant pas les intrants locaux et ne produisant pas pour la consommation locale, le secteur est dans l’impossibilité absolue de dynamiser l’économie du pays, même s’il arrive à créer le nombre d’emplois espéré. Seule une catégorie de la population aura un revenu de subsistance qui ne lui donne accès qu’aux produits importés. En outre, la faible génération de pouvoir d’achat inhibe la consommation des produits, réduit les transactions marchandes et le revenu public en dernier lieu. N’étant pas imbriqué dans le système de production locale, le secteur d’assemblage s’isole et présente une faille structurelle qui rend vains tous les efforts déployés en faveur de HOPE, aussi louables qu’ils puissent être.

Des critiques montraient la nécessité de remonter aux maillons précédents de l’industrie textile pour profiter pleinement de HOPE, et évoquaient le risque d’une possible conversion des quartiers résidentiels de Port-au-Prince en zone franche s’il fallait obtenir le nombre d’emplois souhaité seulement à partir du secteur d’assemblage. Les effets escomptés n’étaient pas au rendez-vous, et HOPE a été revisité pour devenir HOPE II. Etant encore dans l’impasse, l’assistance de la BID est bien venue. Considérant la nature de cette coopération, sa capacité de réparer la faille n’est pas évidente. Le fait de vouloir élargir le parc industriel laisse supposer que la SONAPI est saturée en raison de la création de beaucoup d’emplois et d’une forte demande d’espace pour de nouvelles compagnies d’assemblage. Cela ne concorde pas avec la réalité où le nombre actuel d’usines est 27 alors qu’elles étaient au nombre de 150 en 1980.

IV : Le flou de la coopération entre la BID et l’ADIH

S’il est vrai seulement 27 usines sont présentement opérationnelles sur 150 qui l’étaient en 1980, il est clair qu’un nombre considérable d’usines sont à récupérer. Cela dit que la SONAPI a encore de l’espace pour accueillir de nouveaux emplois. Comment expliquer alors la nécessité de l’élargissement du parc ? Est-ce peut-être toujours dans l’espoir de créer davantage d’emplois ? Concilier la réalité avec l’intervention de la BID reste encore la grande question s’il s’agit toujours de production exclusive au marché international. Un volet de la coopération semble confirmer cette inquiétude. C’est l’assistance technique à apporter aux investisseurs haïtiens pour mieux accéder au marché américain. Peut-être, certains paramètres du commerce international dont le marketing international ou autres ne sont pas bien maitrisés ? Quoi d’autres imaginer quand les activités d’assemblage datent de trois décennies ?

Certaines expériences sont quand même acquises, d’autant plus que les firmes ne font que répondre aux appels d’un commanditaire qui lui-même est responsable de l’arrivée, de la distribution et de la vente de son produit sur le marché américain/international. Ce n’est nullement un produit Ayitien qui cherche de nouveaux marchés ou de consommateurs internationaux. C’est un flou que seules les parties prenantes peuvent éclaircir. Par contre, l’aspect relatif au fonds d’investissements est intéressant parce qu’il laisse supposer que ceux intéressés à investir dans l’assemblage et qui n’ont pas assez de fonds peuvent en trouver pour assurer leur présence à la SONAPI.

La position rationnelle de M Georges SASSINE, qui aujourd’hui plaide pour l’intégralité de l’industrie textile Ayitienne en passant par la culture intensive du coton dans le pays, pourrait justifier ce besoin d’élargissement du parc. Pourtant, cette perspective est nettement détachée des activités d’assemblage au moins dans le court et le moyen terme. Elle sous-tend l’intégration des différentes régions du pays dans le système de production. Cela inviterait certains résidents de Port-au-Prince actuellement sinistrés à retourner dans leurs villes natales pour trouver un emploi et faciliter le décongestionnement de la capitale en conséquence. Toutefois, le projet d’expansion des locaux qui vise plutôt la concentration des activités fait planer le doute sur la possibilité de régionaliser les activités économiques du pays via l’industrie textile. Pour rester fidèle à la justesse de la position de M SASSINE, il est juste de spéculer que l’espace serait utilisé non pour les activités d’assemblage, mais aux fins de la préparation et du stockage du coton pour l’exportation. Peu importe, il faut jouer avec le temps pour mieux évaluer les besoins y relatifs avant de se lancer dans un projet d’expansion de la zone, à moins qu’il y ait déjà des contrats fermes de commande qui mettent à nue l’incapacité d’absorption de la SONAPI par manque de main d’œuvre.

V : La justesse de M SASSINE

Est rassurante seule la position de M SASSINE qui a annoncé l’arrivée de nouveaux investisseurs étrangers dans la production intensive du coton. Si c’est vrai, il y a lieu de croire qu’un jour Ayiti sera hôte d’une réelle industrie textile avec tous ses maillons et ses effets propulseurs sur d’autres secteurs d’activités comme l’industrie d’huile comestible, l’industrie pharmaceutique etc. Comme M SASSINE le préconise, le pays sera doté d’une forte capacité de création de valeurs ajoutées permettant de concrétiser HOPE. Ce n’est plus la logique d’acquérir les intrants textiles d’un pays tiers. Ayiti produira ses propres intrants dont l’utilisation est aujourd’hui permise par HOPE dans l’assemblage des produits textiles. Tel sera un gain énorme pour Ayiti, parce qu’à chaque niveau de transformation, il y aura de nouveaux emplois. L’effet immédiat est de nouveaux revenus, un pouvoir d’achat, une capacité de consommation et un revenu public élargi.

Ce qui n’est pas dit, mais peut être supposé et qui est nécessaire pour compléter l’équation, est la production de ces mêmes produits finis pour les consommateurs locaux. Qui dit que le secteur d’assemblage doit uniquement produire pour le marché international ? Ces mêmes producteurs pourraient ajouter une unité de production à leur système strictement pour la consommation locale. Il suffirait de mettre en place la structure appropriée à cette éventuelle initiative. Déjà que l’expérience d’assemblage de produits textiles est déjà acquise. Le produit fini assemblé en Ayiti et consommé sur le marché international répond au standard international de qualité. Seule la conception des modèles pourrait y faire défaut. Tel ne serait pas le cas parce que les stylistes/modélistes/designers existent déjà dans le pays ou peuvent être formés en conséquence. Il est alors possible d’imaginer le potentiel et les effets d’entrainement d’un tel secteur si l’industrie textile est abordée dans son ensemble comme l’aurait souhaité M SASSINE.

L’inquiétude des investisseurs née de l’absence ou de la faiblesse du pouvoir d’achat prohibant la consommation de ces produits textiles serait dissipée, parce que leur engagement constituerait la source réelle de création d’emplois, donc celle du pouvoir d’achat qui donnerait accès aux produits textiles locaux. Il suffit d’observer le comportement des consommateurs locaux pour davantage les rassurer. En effet, sans complexe et avec une forte intensité, ces derniers consomment tant bien que mal les produits textiles pèpè et ceux importés de Panama. Pendant qu’ils ont du mal à trouver de l’argent pour se procurer ces produits, ils arrivent quand même à les consommer sinon, ils marcheraient nus et le marché Ayitien ne serait pas aussi inondé de ces produits usagés, et de bas de gamme venus de Panama.

VI : L’instinct d’un investisseur

Etant rassuré de pouvoir écouler ses produits sur le marché local, qu’est-ce qui empêcherait à l’investisseur/producteur Ayitien de s’y engager quand les unités de production ont la capacité de bien faire ? Rien ne dit que c’est l’apanage des investisseurs étrangers. Les entrepreneurs nationaux peuvent investir autant que les investisseurs étrangers. S’il est question de fonds d’investissements, il suffit de restructurer le marché financier Ayitien pour faciliter l’accès aux prêts productifs en les rendant moins coûteux. Cet aspect est un sous-entendu de la création du fonds d’investissements par la BID pour assister les investisseurs de la SONAPI. Ce n’est nullement gratuit. Faisant de l’investissement étranger un fondamental à la concrétisation de HOPE créé un faux problème.

Dans un système économique cohérent où les activités sont définies avec des avantages pour l’entrepreneur sur une échelle de priorité, l’investisseur-producteur n’hésitera pas à contracter des prêts pour se lancer dans une activité qui lui semble plus profitable qu’une autre. Ce serait autant d’investissements faits par les nationaux que si c’était fait par des étrangers. L’obsession pour l’investissement étranger dans un champ d’activités comme le textile qui n’exigent pas des sommes faramineuses risque de retarder la concrétisation de HOPE. Tout investissement implique un risque. L’investisseur étranger qui observe la réticence des investisseurs nationaux se donne une raison pour ne pas investir en Ayiti. Pourquoi y prendre le risque quand les investisseurs Ayitiens eux-mêmes refusent de le faire ?

Néanmoins, il faut comprendre qu’un investisseur étranger recherche plus de gains dans un pays hôte qu’il puisse trouver chez lui. Il assimile ces gains soit à la minimisation des coûts par un processus de délocalisation de la production pour demeurer compétitif, c’est le cas dans l’assemblage, ou à la production massive pour une population avec un pouvoir d’achat. Pour le premier, la sous-traitance élimine le besoin d’investir directement. Pour le deuxième, l’absence de pouvoir d’achat rend précaires ses espérances de gains. Sans prendre en compte d’autres éléments dissuasifs de la réalité Ayitienne, l’investisseur étranger ne perçoit aucune opportunité de gains à travers ces activités. En conséquence, il boude tous les efforts entrepris pour l’attirer dans le pays afin de ne pas prendre le risque que les nationaux refusent de prendre.

VII : La partition du secteur privé

Dans l’état où le pays se trouve après le séisme, il ne faut pas s’illusionner sur l’investissement étranger dans la logique de relance économique, à moins qu’un plan directeur soit bien défini et présente d’excellentes opportunités de gains à partir de la consommation locale d’abord. Sinon, l’investisseur étranger ne comprendra son rôle dans l’économie du pays qu’à travers le prisme de la sous-traitance qui en aucun cas ne peut représenter le levier de la relance économique. De toute évidence, les investisseurs Ayitiens représentent le seul recours pour la relance économique. Les déclarations de M SASSINE ont montré bien avant le 12 janvier que le secteur privé entend jouer sa partition dans une relance économique pratique. Il revient alors aux autorités de supporter cette disposition à travers un plan directeur approprié et qui répond principalement aux besoins économiques de la population.

Si avant, ADIH ne voyait pas la nécessité de déclencher la machine de l’industrie textile, aujourd’hui, elle (ADIH) réalise qu’elle maximiserait davantage ses gains en se lançant dans le développement de l’industrie textile dans son ensemble. C’est très rationnel et personne ne peut le contester ni le leur reprocher. Peu importe le temps que prendront leurs efforts, l’idée est que ce groupe d’investisseurs/producteurs par le biais de son vice-président exprime clairement leur détermination de faire revivre la culture du coton pour subir toutes les transformations nécessaires au fil du temps afin de ressouder tous les maillons de l’industrie textile à celui d’assemblage actuel qui est la confection des vêtements. Si tous les autres pays le font et sont sensibles pour cette pratique depuis la découverte de ses bienfaits pour l’espèce humaine, pourquoi pas Ayiti qui le faisait du temps de la colonie et après en produisant un coton de très bonne qualité ?

Ce serait un premier type d’activités parmi tant d’autres à envisager pour réellement faire décoller la machine économique surtout dans le contexte de gestion post-désastre, et tirer le pays finalement du joug de l’assistanat international. Ce sont des activités à haute intensité de main-d’œuvre qui ont un très fort potentiel de création d’emplois, de revenu/pouvoir d’achat et de revenu public. Le niveau de revenu importe peu, pourvu que tous ceux en âge de travailler ont la possibilité de trouver un emploi avec un revenu régulier stable. Si peu qu’il (revenu) soit, son détenteur peut s’organiser pour répondre à ses obligations financières. Il devient soudainement crédible quand il faut joindre les deux bouts. L’Etat comme un des bénéficiaires ultimes aura la possibilité d’élargir son assiette fiscale et réduira sa dépendance budgétaire de la communauté internationale.

VII : Un support absolu aux déclarations de M SASSINE

Venant du secteur privé, l’Etat Ayitien ne doit pas rater cette opportunité pour créer le cadre nécessaire à un tel développement. Il suffit d’un plan directeur pratique qui détermine les secteurs prioritaires d’activités économiques, réorganise le territoire en conséquence pour une gestion efficiente des ressources. Tous les supports nécessaires à la concrétisation de HOPE dans la perspective du groupe d’investisseurs/producteurs sont bien venus au moins au stade initial. La coopération de la BID avec l’ADIH en est un. Pourtant, celle-ci serait parfaite si elle n’était pas uniquement focalisée sur le marché international pour entériner la nature extravertie de l’économie Ayitienne. Autant qu’il importe de mieux servir le marché international, il serait judicieux de réorienter les fonds d’assistance de façon à intégrer les besoins du pays. Ce qui permettra à l’économie d’Ayiti de prendre l’élan qui convient au développement de certaines activités à haute intensité de main d’œuvre dans une structure hiérarchisée de création de valeurs ajoutées. Ce faisant, les investisseurs devraient trouver l’accompagnement approprié.

C’est très bien que la BID puisse apporter un soutien au secteur, mais il faut aussi une politique commerciale devant protéger l’industrie textile considérée comme une industrie naissante. L’entrée en force des produits ‘pèpè’ et des produits de Panama devrait subir un contrôle rigoureux pour arriver à protéger les nouveaux investissements qui ne sont pas obligés d’être des investissements étrangers. Concrètement, l’Etat qui bénéficiera d’un revenu public plus large doit jouer sa partition aussi pour, non seulement protéger l’industrie textile avec des politiques commerciales appropriées, mais aussi pour revoir les pratiques du marché financier avec comme toile de fond la protection absolue des propriétés privées.

Son implication pour fournir l’accompagnement qu’il faut serait déjà une source garante de son revenu public. Si tout est bien joué, ce sera le déclencheur de l’harmonie collective où chacun verrait son existence dans le pays sous un autre jour. Le comportement de celui qui a un emploi ne serait pas le même quand il était chômeur. L’universitaire ne ferait plus la queue pour quitter le pays, le chômeur resterait chez lui pour ne pas se faire humilier chez un voisin, quand ils savent qu’il existe assez d’activités économiques capables de les absorber dans différentes régions du pays. Il y aurait beaucoup plus de citoyens responsables à entretenir le bien-être collectif que de politiciens à tout faire pour survivre. Ayiti deviendrait un lieu où chacun saurait qu’il pourrait réaliser son rêve comme tout autre moyennant qu’il travaille. L’intégration sociale de chacun serait alors assurée.

L’idée n’était pas de s’évader de l’état d’urgence, mais plutôt d’adapter l’antériorité à la postériorité autour de l’événement et du processus de reconstruction du pays, parce qu’il faut continuer à vivre, et que la pression d’une meilleure Ayiti est davantage plus forte. D’ailleurs, cette circonstance macabre n’a donné naissance qu’à de nouveaux espoirs. Donc, s’il faut repartir et penser justement à une relance économique, il y a déjà de la matière pour s’assurer que les réflexions continuent. La clé réside dans la manière de fusionner ces deux moments pour obtenir des résultats à l’aune de la renaissance du pays. Reconnaissant l’importance de l’économie dans le vivre-ensemble de toute collectivité, il y a lieu de voir comment concrétiser la relance économique du pays pour garantir la satisfaction des besoins de tous. Avec le potentiel de mettre en marche la machine industrielle du pays pour créer le plus d’emplois que possible en conséquence, la nouvelle disposition du secteur d’assemblage à faire renaître l’industrie textile Ayitienne dans son intégralité constitue une porte d’entrée viable. Considérée comme telle, il est impératif qu’elle fasse son poids dans la balance de la relance économique.


Jean Poincy
Mars 2010

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