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FÒK SA CHANJE

vendredi 16 juillet 2010

Les confrontations entre Etudiants-Médecins publics et privés en Ayiti : une tentative d’explication

Avertissement
Les confrontations récurrentes entre les étudiants-médecins formés par l'Université d'Etat d'Haïti (UEH) et les Universités privées du pays portent beaucoup à questionner le leadership au niveau de l'enseignement supérieur en Ayiti. En l'occurence, Monsieur Amary Joseph NOEL a fait état de ses frustrations suite aux récentes oppositions des étudiants-médecins de l'UEH à l'autorisation octroyée à leurs confrères venus des Universités privées pour effectuer des stages pratiques à l'Hôpital de l'Université d'Etat d'Haïti. Il a attribué cette regrettable situation à l'esprit de division profondément imprégné dans notre culture, à une intolérance absurde dans le monde académique du pays, et au manque de conhérence des leaders de l'UEH dans leur fonction démontré lors d'une rencontre en République Domincaine sur le rôle que doivent jouer les universités dans la reconstruction d'Ayiti. Il a fait appel à l'entente à ce niveau surtout quand il regarde les relatives merveilles du voisin. En dépit du fait que je partage l'essence de ses remarques, le texte suivant signale certains points qui semblent être à la source du problème.

Le texte de Monsieur Amary Joseph NOEL est d’intérêt national et soulève des points d’incohérence et de division absolument justes. Cependant, en faisant appel à l’unisson pour le bien du pays, il convient aussi de comprendre les raisons qui expliquent l’atmosphère d’hostilité qui y règne.

La naissance même de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) par le décret de 1963 unifiant toutes les facultés nées indépendamment l’une de l’autre à des périodes différentes, sans repenser l’enseignement supérieur dans un cadre académique uniforme est à la source de cette animosité. En outre, l’absence de vision dudit décret qui laisse supposer qu’il n’existerait que l’Université d’Etat d’Haïti, et le fait que la constitution de 1987 entérine l’hégémonie de l’UEH dans l’enseignement supérieur malgré l’émergence des universités privées offrant les mêmes formations académiques. Aucune mesure corrective n’a jamais été envisagée et les autorités jouent le jeu de la division au mépris de ceux pour qui ces institutions existent.

Sur cette toile de fond, s’imprime l’incompréhensible récurrente altercation entre les futurs médecins du pays formés par les secteurs public et privé pour l’utilisation de l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), laquelle institution est dédiée originellement à accompagner strictement les étudiants médecins issus de l’UEH. Il n’y a eu aucune provision devant accommoder ceux formées par les universités privées. Dans cette perspective, obliger l’HUEH à aussi recevoir les étudiants-médecins privés donne lieu aux confrontations que bizarrement assument les étudiants-médecins de l’UEH et non les responsables. Ces étudiants-médecins de l’UEH représentent les acteurs réels empêchant à leurs confrères, d’accéder à l’HUEH pour faire des stages pratiques indispensables à la formation de tout médecin.

A comprendre leurs doléances, l’hostilité tourne autour du fait que :

1) les universités privées qui demandent accès à l’HUEH n’ont jamais fait l’effort de construire un hôpital universitaire pour leur population estudiantine. Ils reprochent aux responsables la négligence de ne pas mettre en place une infrastructure hospitalière devant desservir leurs étudiants alors qu’ils ont accumulé les fonds nécessaires de la formation académique prodiguée. Aussi, ils trouvent inadmissible la passivité de leurs confrères-étudiants qui, sans rien exiger en retour, acceptent de payer des frais exorbitants d’enregistrement/d’inscription/de fonctionnement non justifiés, et des frais de formation académique qui grossissent chaque année sans améliorer la qualité ni le cadre de leur formation.

2) les universités privées donnent l’air d’être un ayant-droit de l’HUEH sans devoir contribuer un sou d’une manière où d’une autre à l’amélioration de l’infrastructure désuète et misérable de l’HUEH. Une revendication suspectant, toutefois, des accords monnayés [qui restent à prouver bien sûr] entre les responsables des deux côtés à leur insu, tout en leur imposant une promiscuité académique au détriment de leur formation.

La question à se poser alors, pourquoi les responsables n’ont pas agi non seulement pour empêcher ces confrontations entre étudiants et selon un accord judicieux favorable à toutes les parties devant faciliter l’accès aux étudiants privés pour un apprentissage médical harmonisé et uniforme? Pourquoi, les universités privées n’ont jamais pris l’initiative de se structurer adéquatement pour une formation de qualité et compétitive ? Concrètement, les étudiants-médecins de l’UEH ne sont pas contre l’intégration de leurs confrères, mais souhaitent comprendre les décisions des responsables qui les laissent patauger dans l’ignorance des mesures affectant leurs formations académiques. Leur comportement louable ou pas est légitime.


Jean Poincy
Juillet 2010

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