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FÒK SA CHANJE

lundi 19 juillet 2010

Des idées pour la refonte d’Ayiti : comment garantir la sécurité collective


Etant d’accord avec le principe appelant à renégocier le contrat du vivre-ensemble, les politiciens-gestionnaires de la société Ayitienne doivent traiter la sécurité collective comme le socle de l’harmonie permettant à chaque citoyen de réaliser son potentiel et son bien-être. Autant qu’elle (sécurité collective) justifiait la création de l’Etat à l’aube du rassemblement des individus ou groupes avec des intérêts divergents, elle continue d’être le catalyseur de progrès dans toute société. Son absence met en échec tout projet de société.

Dans cette perspective, si la fonction primordiale de l’Etat est d’assurer la sécurité collective, les gestionnaires de certaines sociétés se trompent souvent sur le levier à manipuler pour la garantir. Souvent, jouer sur une force de police secondée par un appareil judiciaire rend le système plutôt inhibitif que d’être un facilitateur de réalisation de bien-être. En conséquence, les probables dérives individuelles obligent à alourdir excessivement la force répressive pour désengager l’attention de l’Etat, dévier les ressources des justes causes et plonger le collectif dans l’arbitraire. Si le succès en résulte, il est passager.

Le propriétaire comme agent de sécurité collective

Le garant principal de sécurité collective est l’accès à la propriété. Il convient de concevoir un système social devant faciliter l’exercice du droit de propriété de chacun pour acquérir un habitat. Quand bien même le système de police et judiciaire est indispensable, il ne peut en être qu’un support pour rappeler chacun à l’ordre sur le droit de vie et de propriété des uns et des autres. L’insécurité serait considérablement réduite et se présenterait comme des cas isolés.

Spontanément, chaque individu deviendrait un agent de sécurité collective. Etant propriétaire, il respecterait la propriété de l’autre. De fait, celle de chacun serait protégée par le respect mutuel du bien de l’un et de l’autre et de leur personne. L’intervention du système correctif, police et judiciaire, serait nécessaire seulement en cas de dérive ou d’abus. Aussi, le sentiment d’être propriétaire le commande à bien entretenir son environnement pour valoriser sa propriété. Comme chacun veille sur lui-même et le collectif, les actes de vandalisme sur les propriétés publiques et privées seraient absolument moindres.

La faisabilité de l’équilibre social

Réaliser un tel système dépend :
  1. D’une garantie d’emploi peu importe le niveau de salaire. Le pouvoir d’achat, si faible qu’il soit, peut être supplémenté par l’accès au crédit. Ce qui ne serait possible que par la création massive d’emplois dans des activités à haute intensité de main-d’œuvre.
  2. De la capacité d’identifier et de localiser chaque individu pour valider ou authentifier son existence, sa présence et son droit de propriété sur le territoire.
  3. De la crédibilité de chacun assurant l’intégrité de son caractère dans ses relations/transactions avec les autres pour inspirer confiance.
  4. D’un réaménagement du territoire, via un plan d’urbanisation, pour déterminer les zones de résidence, industrielles, de marchés publics ou d’agriculture.
  5. D’une synergie entre l’Etat, l’industrie immobilière et le marché financier du pays.
  6. D’une invitation faite par l’Etat aux investisseurs immobiliers à s’approprier des lotissements pour la construction des quartiers résidentiels où des maisons de différentes dimensions seront construites en fonction des contraintes physiques du pays et d’une échelle de revenus.
  7. Des avantages offerts aux institutions financières pour accorder des prêts immobiliers à tous ceux avec un revenu qui répondent à des critères établis par l’Etat et selon la discrétion de ces institutions. Aussi l’Etat leur garantirait le droit de repossession d’une maison en cas de non paiement chronique, sans la restitution du dépôt initial ou de l’apport personnel lors de l’acquisition.
L’intégration sociale réalisée 

Avec une chance égale pour tous d’évoluer dans un tel système, tout Ayitien rêvant de devenir propriétaire pourvu qu’il ait un revenu, qu’il soit identifiable, situable et crédible de surcroit, a une forte chance de réaliser son bien-être. A défaut de quoi, il s’efforcerait de s’accommoder pour intégrer la nouvelle société. Un tel contexte d’équité et de justice sociale faciliterait l’intégration sociale recherchée. En conséquence, celui avec un faible pouvoir d’achat se contenterait de son acquisition indépendamment de son niveau de revenu sans avoir à envier quiconque, menacer la jouissance des plus aisés, ni déstabiliser la paix collective. Ils se sentiraient membres à part entière de la nouvelle société indifféremment de leur catégorie sociale.

La soupape de sécurité collective

Etant propriétaire et capable de réclamer son droit légitime et légal sur une parcelle du territoire, le citoyen n’accepterait pas qu’un étranger ou un membre de sa famille vienne placer des barricades enflammées en plein cœur de son quartier ni dans celui des autres pour dévaloriser les résidences chèrement acquises. Cet état d’esprit partagé par ces propriétaires serait cette soupape de sécurité collective. En cas d’une revendication politique, ils accepteraient de le faire pacifiquement avec le moins de casse possible dans la protection absolue de leurs propriétés.

Il peut paraître rationnel de doter le pays de toutes les forces policières du monde avec les techniques modernes de guérilla, et de s’équiper des armes et d’outils de communication les plus sophistiqués qui existent, la sécurité collective ne restera qu’un rêve si chaque citoyen ne se sent pas propriétaire du territoire ou ne voit pas dessiner dans l’horizon sa chance de le devenir un jour. Si aujourd’hui, le citoyen se transforme en casseur de propriété c’est parce qu’il n’est propriétaire de rien.

Jean Poincy
Juillet 2010

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