Une forte fièvre porte quiconque à consulter son
médecin pour déterminer les causes et ensuite améliorer ses conditions de
santé. Suivant d’autres symptômes accompagnateurs, la démarche clinique
rationnelle est d’abord apaiser la fièvre, soumettre le patient à des analyses
de laboratoire dont les résultats emmènent vers un traitement curatif efficace.
L’économie ayitienne est cette patiente, et le nouveau gouvernement, l’équipe
médicale appelée à traiter la maladie dont elle souffre. En attendant l’examen
médical déterminant les vraies causes du problème, l’ordonnance propose une
panacée comme soins d’urgence devant contrôler son état fébrile avant les résultats du labo. Ce texte :
I- Met en
doute l’auscultation du gouvernement déterminant l’urgence réelle.
II- Attire
l’attention sur le manque de vertu du Programme d’Apaisement Social (PAS) en
statuant sur l’éducation comme un mauvais tremplin.
III-Expose
l’incohérence du Petro-Caribe comme bouée de sauvetage.
IV- Questionne
la fierté nationale avec le dernier périple
du président.
I- Quelle
auscultation clinique !
Vu le marasme économique du pays dû à l’insécurité
entraînée par une absence de revenu, il est logique de penser à des méthodes
capables de produire des effets immédiats afin de permettre aux gens
d’essouffler. Se montrant sensible à l’idée de résoudre les grands problèmes du
pays, le nouveau gouvernement a concocté le programme d’apaisement social accompagné
du programme petro-caribe comme garniture.
En effet, le PAS atténue les douleurs de la
patiente, avec quelques millions de dragées analgésiques, et le petro-caribe
est injecté comme sérum capable d’alimenter son besoin énergétique. L’objectif
est de faire preuve de perspicacité sur l’état des choses pendant que les
résultats permettant de définir le traitement approprié sont encore au labo.
Concrètement, les idées générales du programme du Premier
Ministre Jacques Edouard ALEXIS n’arrivent que pour calmer la malade et
rétablir sa confiance. Heureusement, l’auscultation touchant des points vitaux
débouche sur un diagnostic qui rencontre l’avis de tout le monde. Le support
quasi-unanime apporté au Premier Ministre par les sénateurs et députés le
confirme. N’étant pas persuadé et ne rejetant pas l’intention d’apaiser la
misère du peuple, je doute fort que les ressources disponibles soient justement
utilisées en ce moment.
Si cette évaluation, cliniquement correcte, arrive
à tempérer la fièvre de la patiente, elle laisse pourtant un malaise. C’est un
étourdissement qui indique l’impossibilité de tout résoudre d’un coup en si peu
de temps avec très peu de ressources et le support de la communauté
internationale. Donc, que faire d’un tel diagnostic si l’ombre d’un traitement
efficace ne se faufile pas encore dans l’horizon ? On sait pertinemment que
les palliatifs ne guérissent pas et que certains d’entre eux risquent de
provoquer des effets non souhaitables au point d’aggraver l’état de la malade
au fil du temps. J’entends démontrer plus loin que ces ressources seraient
mieux utilisées dans un processus rationnel de mise en place des activités
productives, moyennant des sacrifices dans l’immédiat.
Aujourd’hui Vs. demain
L’économie moribonde avec tous ses effets pervers
ne saurait être réanimée par l’investissement dans le social. Il faut des
mesures économiques justes, politiquement incorrectes peut-être, mais sûres de
garantir le bien-être recherché par tous. La dégradation des conditions de vie
est la résultante de l’état des choses et non la cause. Si le gouvernement insiste
dans cette voie, il risque de s’y enliser sans jamais apporter une solution
durable à la situation. Il est nécessaire de garder en vue non seulement la
génération actuelle, mais principalement celle du futur pour que toute action
soit davantage bénéfique pour les deux.
Tout ce qui est actuellement souhaité par presque
tout le monde est un moment de répit immédiat indifféremment de ce que sera
demain. C’est l’attitude de tout individu qui refuse de se lancer dans un
calcul complexe obligeant une projection vers un futur difficile à cerner.
N’est-ce pas le rôle du gouvernement de l’éclairer et de l’accompagner dans une
telle gymnastique en toute confiance ? N’est-ce pas le rôle du
gouvernement de lui montrer que son attachement à l’immédiat risque de lui
porter préjudice et de faire souffrir sa progéniture ? N’est-ce pas le
rôle du gouvernement de lui faire comprendre que le pays est à l’heure des
sacrifices pour garantir un demain meilleur pour tous ?
II- Le manque
de vertu du PAS
Tenant compte du contexte, toute approche
économique rationnelle devrait ranger le social au second ordre sur la liste
des priorités. Ma position ici invite à mettre de côté les émotions et à se
situer sur la courbe temporelle pour savoir quand faire quoi exactement et à
quelle fin. Avec une incapacité de génération de ses propres ressources, il
serait judicieux d’utiliser à bon escient le peu de ce qu’on trouve. Dans cette
perspective, toute allocation de fonds dans une activité qui n’apporte pas un
rendement dans le court terme serait inefficiente. Au temps initial, diriger
d’importantes ressources vers l’apaisement social est incorrecte, parce que le
bénéfice à en tirer s’étale sur le long terme, au moins 25 à 30 ans, et sans
aucune garantie.
Tout investissement dans l’éducation, la santé et
autres du genre est extrêmement coûteux. Vu leur caractère non productif et leur
capacité de rendement à long terme, ces secteurs ne peuvent s’autofinancer.
Ainsi, ils requièrent une assistance financière soutenue de l’Etat, à moins
qu’ils soient pris en charge par le privé. D’ailleurs, rien ne dit que
l’individu dont le coût de son éducation et de sa santé est assuré par l’Etat deviendra
un citoyen digne de l’éducation reçue ou aura un comportement lui permettant de
maintenir l’équilibre de sa santé.
Récitation incorrecte de la théorie du capital
humain
Bien que l’éducation et une bonne santé apportent
de l’efficience à la force du travail pour un haut niveau de rendement, ils impliquent un grand
risque dont le coût ne peut être assumé par l’Etat au moment de départ. Pour
l’éducation par exemple, nombre d’études ont montré une forte corrélation entre
le développement d’une économie et l’amélioration du niveau de revenu, même
avec un niveau d’études primaires. Je n’en disconviens pas, mais la théorie du
capital humain présente une subtilité qu’il importe d’évoquer afin de cesser la
rengaine des autres qui fait abstraction d’un contexte différent des leurs.
La théorie du capital humain qui met en
valeur la nécessité de l’éducation sous-tend l’aspect que la structure
productive existe déjà et qu’elle attend des travailleurs formés pour soutenir
et faire perdurer sa croissance. Cette théorie a été développée en observant l’évolution
de la croissance des économies industrialisées. Lors, la structure productive
était une variable connue dans l’équation. En fait, la théorie du capital
humain a vu le jour quand l’investissement dans le capital physique ne pouvait
plus expliquer la croissance persistante de ces économies. La seule variable explicative
n’était autre que les usines de production recevaient une autre génération de
travailleurs avec un niveau d’éducation supérieur que les précédentes. Depuis,
l’éducation est considérée comme un support majeur au développement économique d’une
société. Tel est le socle de la théorie du capital humain.
La logique économique de l’éducation
Dans un contexte où la structure productive
existe, une économie avec une force de travail non éduquée ne peut pas
connaître une croissance durable. Cependant, là où la production est quasiment nulle,
le rôle de l’éducation dans le progrès économique est aussi nul. En absence
d’une structure productive, une société ne sait que faire avec une population
éduquée. Le cas d’Ayiti en est une évidence. Ceci dit, pour toute démarche de
développement économique renforçant l’éducation,
l’existence d’une structure productive doit être une variable donnée. Combien
de diplômés des cycles secondaire et universitaire travaillent dans le
pays ? Ce sont des chômeurs permanents comme le reste de la population qui
n’est pas éduqué.
Passant leur vie adulte à ne rien faire et
toujours dépendant de leurs parents, ils deviennent des gâchis sociaux qui sont prêts à tout faire pour maximiser leur
bien-être. Tel est encore un élément qui joue négativement sur une plus grande
allocation de ressources en éducation relativement au secteur de production. Qu’en
est-il de l’investissement des parents qui se sont sacrifiés pour assurer l’éducation de
leurs enfants ? C’est sûr qu’ils ne l’ont pas fait pour qu’ils deviennent
chômeurs. Qu’en est-il de l’assistance de l’Etat pour élever le niveau de vie
de la société via l’éducation ? Loin de dire que c’est du gaspillage, je
pense que le calcul de la priorité est faussé.
La logique du départage des ressources entre
secteurs dans le temps
Avec en tête l’idée de lancer d’abord l’économie,
il faut se demander, à quel moment que l’éducation arrive comme support pour
assurer un développement économique durable ? Le gouvernement avant d’entamer
ses premiers pas devrait déterminer le secteur le plus prometteur aujourd’hui,
demain et après-demain. En partant d’une grille de combinaisons, il peut
déterminer comment départager les ressources disponibles entre les secteurs.
Celui qui est le plus prometteur devrait recevoir une plus forte proportion de
la quantité de ressources disponibles.
Le déterminant d’un secteur plus prometteur qu’un
autre est sa capacité de régénérer ses ressources, de propulser d’autres
secteurs dans le court terme et le moyen terme, et d’augmenter le revenu de la
population en conséquence. Suivant l’évolution des activités et que le secteur
prioritaire commence à se tenir fermement debout, la démarche oblige une
révision de l’allocation des ressources au bénéfice de l’autre secteur qui
recevait moins de ressources avant et qui devient prioritaire dans un autre
moment. Graduellement, un transfert de ressources se ferait d’un secteur vers
un autre d’une manière rationnelle.
Si en toute objectivité, l’étude révèle que la renaissance
de l’industrie de chaussures est le secteur porteur par rapport à l’éducation pour
lancer l’économie, le gouvernement doit le viser en allouant une plus grande
part de ses ressources. Par exemple, en Temps 1, l’industrie de chaussures et
l’éducation s’avèrent très urgentes pendant que l’Etat dispose de 1000 unités
de ressources. Suivant la logique du
départage, peut-être 800 unités de ressources seraient dirigées vers
l’industrie de chaussures et 200 vers l’éducation. Si en Temps 2, une même
quantité de ressources est disponible, pendant qu’il y a une nette progression
de l’industrie de chaussures avec tous les effets d’entraînement escomptés et qu’il
s’agit simplement d’entretenir l’investissement initial fait en Temps 1, il est très correct de réduire l’allocation
faite à l’industrie de chaussures au bénéfice de l’éducation.
Le niveau de ressources à départager suivrait la
structure de la grille d’allocation de ressources aux différents secteurs, mais
dépendant de l’importance accordée à chaque activité par le gouvernement. Lors,
une allocation graduelle de plus larges ressources à l’éducation serait
justifiée. Les activités productives assurant un pouvoir d’achat à la
population est là, la croissance économique en cours fait automatiquement appel
à une force de travail mieux éduquée. Procéder autrement serait de mettre la
charrue avant les bœufs.
Justificatif du deuxième ordre pour l’éducation
Ne pouvant pas soi-même y faire face plutôt à
cause des maigres ressources du pays, la communauté internationale devient le
seul recours. A quel prix acceptera-t-elle de tendre la main au pays et jusqu’à
quand ? Pas au prix des rêves des dirigeants en cas. Je n’arrive jamais à
digérer l’aisance avec laquelle les responsables des institutions du pays accouchent
toujours l’idée d’approcher la communauté internationale pour réaliser ce
qu’ils sont capables de faire avec de la volonté et du pragmatisme. L’ironie
dans tout ça, c’est qu’ils lui reprochent de tous les maux du pays, et qu’ils
croient en une dette de la communauté internationale envers le pays. Si un coup
de pouce d’elle est nécessaire, la rationalité oblige de placer l’emphase non
sur le social mais sur des activités productives.
Les bailleurs de fonds ne financeront jamais un
plan de développement social. Il ne leur coûte rien de faire des promesses.
S’ils ne voient aucun plan capable de montrer comment le pays peut se créer ses
propres ressources, ils n’avanceront pas des fonds dans une activité sociale
qui n’apporte aucun rendement. Dans le cas contraire, ils risquent de
s’empêtrer dans le cercle vicieux d’assistance à un pays incapable de prendre
en main ses responsabilités. Comment convaincre ces bailleurs de fonds que l’éducation,
la santé et la construction de routes etc. sont des axes prioritaires avec un
bilan de 7 milliards ? D’ailleurs, chez eux, c’est sous de fortes
pressions des contribuables qu’ils acceptent de financer ces programmes sociaux.
Ils accentuent plutôt sur des activités économiques capables de générer des
revenus, en mettant en place un cadre approprié et en concevant des politiques
macroéconomiques encourageant l’investissement privé. Pourquoi devraient-ils
tourner casaque en face d’un rêveur qui ne fait que nuire ? Ils savent
tous que les programmes sociaux ne font qu’absorber les fonds disponibles.
Ne disant pas que le social doit être ignoré,
l’allocation budgétaire le rendrait moins urgent pour le moment. D’ailleurs le
problème social est tellement grave qu’on arrivera pas même après trois
décennies à voir le bout du tunnel en le rendant prioritaire. Si la priorité de
premier ordre lui revient, moins de fonds seraient disponibles pour la mise en
place d’une structure encourageant les activités productives à haute intensité
de main-d’œuvre. Ces dernières avec un potentiel de rendement continu rendraient
plus facile l’apaisement social dans un second temps par l’Etat. La pression
budgétaire serait moins forte, avec une multiplicité d’emplois traduite en
revenu. D’une part, les familles elles-mêmes seraient aptes à répondre aux
coûts de leur éducation et de leur santé, et d’autre part, l’Etat aurait la
possibilité de mieux garnir son assiette fiscale avec des prélèvements d’impôts
sur les revenus moyennant un système fiscal efficace.
Ainsi, le gouvernement aura une plus grande marge
de manœuvre pour remplir sa fonction primordiale d’agent de sécurité, et justifier
celle de l’Etat-providence. N’étant
pas un agent de production, il se déchargera de la lourde responsabilité
d’embaucher monsieur tout le monde. Le revenu public, qui dépend de ce que gagne
celui-ci comme revenu dans ses activités, petit qu’il soit, si bien géré, permettra
à l’Etat de garantir la sécurité collective, le droit de chaque individu de se
réaliser, de jouir de ce qui lui est dû et d’exiger des autres le respect des
accords passés entre eux. Son budget étant dégagé, il pourra justement assister
ceux qui sont automatiquement exclus du système de marché dont le prix leur
interdit l’accès aux biens et services nécessaires à leur survie. Ce sont ceux issus
d’une famille pauvre et les handicapés physiques et mentaux qui risquent de
demeurer dans la pauvreté sans un emploi. Avec un revenu zéro, ils ne pourront
jamais prendre en charge le coût de leur bien-être.
III- L’incohérence
du Petro-caribe
L’intégration du pays dans le programme petro-caribe
qui entend désaltérer le pays en besoin énergétique fera plus de torts que de
biens. Selon les dires du président, le petro-caribe devrait aider le pays à
mieux faire face à ses difficultés socio-économiques. L’essence du programme
est de ne pas payer tout de suite les acquisitions du pétrole. De tout achat de
pétrole, 60% seraient remboursés dans les 90 jours et les 40% dans 25 ans
moyennant un taux d’intérêt annuel de 1%. La condition est que cette somme soit
investie dans le social. A noter que c’est une acquisition faite au prix du
marché ; il n’y a pas de prix préférentiel. Le fait de ne pas avoir à
payer dans l’immédiat le rend très alléchant. En réalité ce n’est autre qu’un
prêt avec des arrangements de remboursement préférentiels.
N’étant pas en mesure d’expliquer cette logique,
je tente d’identifier les possibilités de maximiser cette nouvelle dette. Comme
les débours immédiats ne sont pas exigibles à l’achat et que la première
tranche est due après 90 jours, le gouvernement a intérêt à faire fructifier
ces fonds, afin de pouvoir en générer assez pour s’acquitter des différentes
tranches de 25 ans à venir. Ne pas le faire alourdirait la charge des
générations futures en apaisant les conditions sociales de la génération
actuelle. La question à se poser est où exactement le gouvernement va trouver
des fonds pour non seulement rembourser les 40%, mais aussi les intérêts de
1% ?
Pour raison de simplicité, j’illustre le fait avec
seulement l’exemple d’une seule cargaison de pétrole (c’est sûr qu’il y en aura
une multitude), et ignore l’effet de l’inflation sur le taux d’intérêt qui
serait un désavantage pour le Venezuela si le taux est fixe, et pour Ayiti à
cause de la dévaluation de la gourde. Disons qu’une cargaison de pétrole coûte
1000 gourdes. Dans 90 jours le pays aura à rembourser 600 gourdes. Les 400
gourdes qui restent seront payées dans 25 ans moyennant 1% d’intérêt à payer
annuellement dont 4 gourdes pour le premier versement.
Intuitivement, c’est une aubaine à ne pas rater, parce que les 4 gourdes ou moins
que 4 gourdes sont négligeables. Cependant, il suffit de quelques secondes de
réflexions pour se dire que c’est trop beau pour être vrai. D’une part, il y a
une incertitude sur comment la première tranche de 600 gourdes va être utilisée
avant d’être restituée dans 90 jours. D’autre part, il faut se demander combien
négligeables sont les 4 gourdes quand le taux de 1% sera cumulé sur tout ce qui
reste à payer pendant les 25 ans. Le mieux serait de rembourser les 400 gourdes
le plus vite possible. Cependant, si c’était le cas, le programme petro-caribe serait
vide de sens. La latitude permise pour payer avec un taux d’intérêt très bas
semble valoir le coût. C’est pour dire que ce ne serait pas rationnel de
rembourser les 400 gourdes très vite.
L’avantage d’un tel prêt réside seulement dans le
cas où un bailleur de fonds souhaite encourager l’investissement au sein d’une
communauté à faible revenu où des entrepreneurs potentiels n’ont pas accès à
des fonds d’investissement pour une activité productive. La finalité de cette
stratégie n’est pas la consommation juste pour la consommation. Elle est plutôt
dirigée vers une consommation (activité) productive capable de générer assez de
revenus pouvant faciliter le remboursement avec aisance sans subir les coûts de
financement.
Le petro-caribe défie cette logique financière.
Techniquement, n’étant pas un producteur de biens et de services capables de
générer des profits, l’Etat dépend entièrement des prélèvements d’impôts sur
les agents économiques. Dans ce cas, il ne pourra en aucun cas et en aucun
moment générer les 400 gourdes déjà consommées sans la moindre production, ni
les 4 gourdes à ajouter. Ce ne serait pas un problème dans le cas où monsieur tout le monde n’était pas
quasiment à la charge de l’Etat et gagnait son propre revenu à la sueur de son
front. Vu qu’aucune activité productive capable de créer des emplois n’est mise
en branle par ces fonds, comment le gouvernement va-t-il rembourser cette
dette ? Je crains que la torsion des bourses du citoyen qui déjà n’en a
pas une soit la réponse. Ce qui va davantage aggraver la situation. L’acte
rationnel est donc de quitter le petro-caribe ; sinon il faut utiliser ces
fonds dans la mise en place d’une structure capable de stimuler les activités
productives. Si plutôt, le gouvernement persiste dans son agenda social, Ayiti aura
une dette énorme vis-à-vis du Venezuela et les générations futures vont en
pâtir.
IV- La
fierté nationale en question
Je comprends pourquoi actuellement le gouvernement
et d’autres secteurs comme complice s’évertuent pour s’assurer de la bonne foi
de la communauté internationale afin de trouver des fonds de fonctionnement. Ce
n’est quand même pas une fierté de se voir octroyer 2 millions d’euros par
la Belgique pour le paiement des fonctionnaires et d’alimenter l’espoir du pays
par une promesse de 233 millions d’euros (Le Nouvelliste, 28 juin 2006,
No37417). Quelle est cette pudeur politique qui fait que certains des ayitiens espèrent
des retombées financières positives du voyage du président en Europe ?
Comment actuellement, le gouvernement et tout le
monde sont en campagne pour l’élimination de la dette d’Ayiti et du même coup
souhaitent en contracter de nouvelles ? Le petro-caribe en soi n’est-il pas une
dette financière ? Comment catégoriser l’enveloppe des 233 millions à côté
des assistances par ci par là, si ce n’est pas tenir la dragée haute au pays ?
Avec quel courage peut-on espérer convaincre des
mordus du business de venir investir dans ce petit pays grand producteur
d’externalités négatives. En parler même tout bas insulte l’intelligence de
l’entrepreneur maximisateur. Si l’entrepreneur ayitien lui-même n’a aucune garantie
de son investissement dans son propre pays, avec quels mots magiques
souhaite-t-on que la délégation
présidentielle haïtienne dans son périple
européen chuchote aux chefs
d’entreprises français de venir investir dans le pays (Le Nouvelliste,
30 juin-2 juillet, No : 37419) ? Comment l’exprimer avec conviction quand
on est incapable de garantir la libre circulation des individus, le droit à la
propriété et au respect des contrats. La remonté en force de l’insécurité et
l’expérience de la Digicelle (avec le problème d’interconnexion) en Ayiti comme
investisseur étranger n’en disent-ils pas assez ? Si les autres par
humanisme veulent aider, ils ne sont quand même pas dupes.
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